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29 janvier, 19:00 heures: après une brève introduction par la rédactrice d'arte/Westdeutscher Rundfunk (WDR) Sabine Rollberg et le régisseur Hazem Alhamwi débute le documentaire de 70 minutes sur la vie en Syrie depuis l´éclatement de la guerre civile. Alhamwi est retourné en Syrie en 2011 pour y filmer secrètement la vie culturelle. La chaîne arte lui a offert l'opportunité de réaliser un film personnel, qui ne se contente pas de copier les images de combats de la chaîne CNN mais qui éclaire le contexte de la guerre civile. Alhamwi a interrogé des citoyens syriens sur la vie sous la domination du parti Baas au pouvoir depuis les années soixante. En 2007, Baschar al-Assad fut réélu de façon pseudo-démocratique.
A côté des interviews de son entourage et des ses amis -pour la plupart artistes et intellectuels, dévoilant leur visage et sans transformer leur voix– Alhamwi essaie de filmer la ville et des enfants à l'école, éduqués dans l'esprit du régime. Les témoignages sur le manque de liberté d'expression et les séjours en prison sont souvent accompagnés par des dessins très expressifs du régisseur, alors que lui-même illustre ses propres souvenirs entre autres à l´aide de plantes croissant en accéléré et d'une tortue désorientée. La vision des opposants au gouvernement est positive: une personne interviewée dit désormais ne plus avoir peur, et personne ne croyait en 2011 qu´Assad subsisterait encore longtemps. Une jeune fille libérée se sent appartenir à une nouvelle génération qui se dit en aucun cas prête à accepter le destin de leurs parents.
Témoignages d'opposants au régime
En octobre dernier, le film a célébré sa première au Festival International du Film documentaire et d'animation de Leipzig et a été traduit intégralement en allemand. Alhamwi en assure lui-même la voix off. Sa vision intérieure de la Syrie est actuellement de grande valeur pour transmettre ce que pensent les artistes et les intellectuels syriens ainsi que pour faire connaître une culture syrienne souvent sous-estimée. En même temps, on apprend beaucoup de choses sur les origines du conflit. Des parallèles sont établis avec le troisième Reich et la RDA, qui sont évidents et émeuvent. Le plus important qu'Alhamwi ait réussi à saisir sont probablement les visages marqués ainsi que les personnalités fortes mais contenues qui parlent ouvertement de leur vécu. Beaucoup d'opprimés ont appris à se servir de l'art comme d'un exutoire, même si cela signifiait écrire sur du papier à cigarettes avec des crayons faits d'os taillés avec ses propres dents. D'autres sont devenus sculpteurs ou ont écrit des chansons.
D'autres sont devenus sculpteurs ou ont écrit des chansons.
Comment s´y prend-on pour réaliser un tel film? Que faire en cas de découverte par le service de sécurité? Comment faire pour quitter une nouvelle fois la Syrie? Alhamwi raconte en anglais comment il a fait parvenir en fraude des vidéos sauvegardées sur des disques durs intentionnellement endommagés (mais réparables) ou dissimulées dans des systèmes d'exploitation, des équipements démontés en petites parties ainsi que de sa peur de sortir dans la rue. C´est en ces moments particulièrement dangereux que les plantes ont été filmées. Madame Rollberg explique à quel point les producteurs allemands et francais ont soutenu le régisseur „bureaucratiquement“ afin de permettre ses voyages – elle-même a obtenu non sans problèmes son visa auprès de l'Office des étrangers de Berlin.
Résistance à travers l´art
Pour Alhamwi, le rôle de son film consiste à provoquer une prise de conscience de la Syrie culturelle et de renforcer un mouvement contestataire déjà existant en Syrie et au-delà de ses frontières contre le régime et les extrémistes en Syrie. Il espère créer un dialogue entre l´opposition et les défenseurs du régime. Les armes ne sont pas indispensables. Il existe aussi d´autres instruments tels l'art et la technologie. Face aux étudiants de Ecole supérieure des arts et des médias de Cologne, il dit avoir eu la chance d´apprendre trois choses: les arts plastiques, le théâtre et le cinéma. Il n´a pas tout de suite pensé politiquement. „Mais au moment où tu vois que tout devient sérieux, tu ne peux pas réagir autrement que de prendre posistion par rapport à ton travail“. Chacun devrait, pour ne pas se taire complètement, prendre position à sa façon, comme lui le fait avec la caméra. Ceci est très difficile dans le contexte actuel, cependant l´échange avec les autres est comme une sorte de libération, qui vivifie „l'âme créative“. Selon lui, la liberté en Syrie est en train de se développer et le régime ne peut plus l'arrêter à cause de la guerre. En tout état de cause, l'Etat ne peut pas incarcérer toute la population. Artistes et intellectuels devraient se présenter avec ardeur vers l'extérieur et se dévoiler. De nombreux artistes continuent de travailler en Syrie. Lui-même a apporté beaucoup de ses dessins à l'Ecole supérieure des arts er des médias de Cologne, que le public a pu emporter ce soir.
A propos des enfants dans le film, plus précisément d´une fillette qui joue du violoncelle, il dit que c'est bien de familiariser les enfants avec l'art. Celui-ci leur permet de s´épanouir intérieurement, d´évoluer. Sinon un vide se crée, qui est facile à combler pour les islamistes et autres courants.
Selon Sabine Rollberg, le film avec la vision d'Alhamwi de l´art en tant que „vision pour l'avenir“ est d'une importance primordiale, non seulement dans le contexte de l'Ecole supérieure des arts et des médias de Cologne. L'importance de l´art surtout dans les moments critiques de notre existence, précisément dans un contexte comme celui en Westphalie du Nord où on envisage égaliser le budget du Land par la vente d'oeuvres d'art, serait trop peu prise en considération.
Le film a été diffusé sur arte le mardi 2 février à 0:15h
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